Entretien JDP 2022 – Maryline VAURS (spectacle vivant)

 

 

Cet entretien s’inscrit dans la continuité de la cinquième édition de la Journée de Professionnalisation du CAS organisée par Emeline JOUVE, Nathalie DESSENS et Laurent MELLET. Nous les remercions chaleureusement tous les trois pour leur confiance. Un grand merci aux intervenants de la journée qui ont gentiment accepté de répondre à nos questions ! 

Cet article a été rédigé par Pauline MARTOS.

---

Nous avons eu le plaisir de recevoir Maryline VAURS, qui, avec beaucoup d’enthousiasme et une belle énergie, nous a présenté son parcours dans le domaine du spectacle vivant. Née dans les années 80 dans le Cantal, c’est en 1986 qu’elle assiste pour la première fois au festival de théâtre de rue d’Aurillac. Cet événement culturel déclenche une vocation qu’elle ne cessera plus de nourrir, et la fera intégrer une licence en arts du spectacle à la Sorbonne Nouvelle, au terme d’un baccalauréat littéraire. Elle explique que ce déménagement à Paris était une grande aventure pour elle, et qu’elle garde un beau souvenir de cette expérience.

Maryline VAURS s’est initiée à la recherche dans le cadre de son master 1, pour lequel elle a produit un mémoire sur les conflits familiaux dans le théâtre antique. Son directeur lui a proposé de poursuivre ses travaux en thèse, mais elle a décliné l’offre. Sa formation universitaire était de grande qualité dans la mesure où elle a pu aborder des disciplines comme l’histoire ou la pensée du théâtre, mais elle ne comportait pas de prise professionnelle, et elle déclare avoir eu besoin de vivre le théâtre sous un angle plus concret. Puis, elle a quitté Paris pour s’installer à Toulouse. Elle y a vécu pendant quelques temps de petits emplois en petits emplois et elle rappelle que le monde du spectacle vivant est avant tout un milieu fermé qui fonctionne par des réseaux, aussi faut-il persévérer pour s’y insérer.

Elle intègre le Théâtre du Grand Rond en 2003, qui venait juste d’ouvrir ses portes à cette époque. Dans un premier temps, Maryline VAURS officie dans le pôle associatif, avant d’être recrutée comme salariée au terme de trois ans dans les rangs de la structure. Ses missions consistaient essentiellement à faire la promotion de compagnies auprès de programmeurs pour diffuser les spectacles au-delà des murs du Grand Rond. Depuis sa création, la structure a connu une évolution très intéressante et a gagné le pari de s’ancrer dans un territoire et dans des valeurs.

On doit à Maryline VAURS la création du pôle formation du Théâtre du Grand Rond. Il arrive que les compagnies tâtonnent sur le volet administratif, qui peut être largement opaque et drainer un volume conséquent d’énergie. Il fallait donc mettre un accompagnement en place pour répondre à ce besoin. Maryline VAURS travaille désormais à son compte, dans l’accompagnement de troupes, dans la formation, dans la performance, et aussi plus ponctuellement dans l’événementiel.

Le travail de Maryline VAURS est pluridimensionnel, et comporte une dimension militante. Un des volets essentiels de l’activité de Maryline VAURS est la promotion de la culture sourde. Il s’agit d’une culture scénique à part entière qui gagne à être connue. Il y a, à Toulouse, un grand nombre d’artistes sourds qui cherchent à se produire mais qui ont besoin de conseils et d’accompagnement pour développer leur communication. Maryline Vaurs oeuvre également pour Allié·e·s, un collectif de lutte contre les violences sexistes mais aussi sexuelles dans le monde de la culture et plus d’égalité et de représentativité dans ce secteur. On doit à ce collectif la mise en place des journées du matrimoine.

 

 

Dans l’assemblée, nous avons majoritairement des profils recherche SHS (masterants / doctorants). Quelle serait la plus-value de nos compétences (recherche et traitement de l’information, synthèse, analyse, rédaction) dans les métiers des arts du spectacle et de la communication ?

Il me semble que ce sont des compétences très importantes et valorisables pour les métiers liés au spectacle ou à la communication. Déjà et de façon assez simple parce qu’un bon rédactionnel est un point fondamental et peut croiser plusieurs endroits (la rédaction de textes sur des spectacles, la rédaction de dossier de demande de subventions…), de façon générale la production de contenu divers et variés. Il est très important de savoir développer un chemin de pensée précis pour déployer des projets : savoir analyser des données, les synthétiser pour mettre en place un projet, relié à des idées, des lignes de force. Savoir où trouver et traiter les informations qui vont venir nourrir un projet, quel qu’il soit, est fondamental.

J’ajoute également que spécifiquement sur le CAS : de plus en plus de projets culturels se mènent à l’échelle Européenne. Des connaissances sur la culture anglo-saxonne est évidemment un plus. Les dossiers liés aux projets européens sont souvent très complexes à mener et un solide cursus universitaire peut être déterminent sur l’embauche autour de tels projets.

 

Quelles compétences / activités faut-il veiller à développer tout au long de son parcours universitaire pour envisager une carrière dans les métiers du spectacle et de la communication au terme d’un master / doctorat ?

Il faut vraiment veiller à cultiver sa curiosité. Fréquenter régulièrement les lieux culturels en essayant de diversifier le plus possible son parcours de spectateur/trice.  Si l’on souhaite s’engager dans les métiers du spectacle, je conseille vraiment d’avoir une activité bénévole dans un lieu ou un festival. Le secteur culturel fonctionne beaucoup en réseau et beaucoup de choses se font par cooptation ou bouche à oreille. Une activité bénévole permet de rester en veille permanente sur le secteur, d’avoir un « pied » à l’intérieur. Etre présent.e sur les évènements importants du secteur : présentation de saison, « gros » évènements, rencontres publiques afin de rencontrer les personnes qui font se secteur et de connaître les problématiques qui le traverse.

 

Le passage à Paris est-il obligatoire dans les métiers du spectacle ou est-il envisageable d’entreprendre un début de carrière dans d’autres régions de France ?

A mon sens, le passage parisien n’est pas forcément obligatoire pour ce lancer dans les métiers du spectacle. Evidemment, c’est toujours une plus-value par rapport à la connaissance globale du secteur. Beaucoup de grosses scènes, ou de compagnies importantes se trouvent à Paris ou en région parisienne, ce qui augmente bien sûr les chances de trouver un emploi dans le secteur. Cependant, les régions ont aujourd’hui des politiques culturelles spécifiques, pas mal de formations et des équipements en nombre qui recrutent régulièrement. Si l’on connaît bien sa région et ses enjeux, c’est pour moi plus simple de démarrer sa carrière dans sa région d’origine : bonne connaissance du secteur régional grâce à son cursus et à d’éventuels engagements bénévoles, et donc plus de réseau et plus d’appuis.

---

---